Cette contribution vise un apport de connaissances sur l'impact du cadre vie scolaire (notamment de l'architecture et de l'utilisation spatiale et temporelle des espaces scolaires) sur le bien-être d'élèves du secondaire.
Elle s'intéresse aux effets de structures d'établissements du second degré et de leur implantation dans des trames urbaines sur la construction de normes scolaires et de figures d'élèves, en interrogeant la notion d'habiter comme « pratique(s) mais aussi comme signification(s) des lieux » (Schaller, 2007, p.85) puisque : « le rapport aux lieux n'existe pas en lui-même, indépendamment des pratiques qui s'y effectuent, des projets de vie qui s'y inscrivent, soit encore des relations qui s'instaurent entre des espaces de comportement et de pensée et des espaces géographiques » (Ibid.). Elle questionne la manière et les modalités de la constitution de l'institution scolaire en un « lieu apprenant » où des jeunes se forment mais aussi que des jeunes transforment ou déforment, en fonction des « réseaux d'intérêt et d'expériences qu'ils y déploient » (Ibid.).
L'interprétation de données qualitatives recueillies lors d'entretiens menés avec des élèves de 3ème de plusieurs collèges a rendu visible les interactions entre l'architecture des établissements scolaire, leur implantation dans une trame urbaine et le bien-être des élèves, mais aussi entre le bien-être des élèves et l'élaboration de figures d'élèves positives ou négatives. Elle rend aussi dès lors perceptible les enjeux éthiques et politiques de ces interactions. En effet, la structure architecturale d'un collège peut plus ou moins se constituer en espace de contraintes ouvrant un espace émancipatoire dans lequel déployer une « puissance d'agir » et détourner au besoin certaines pratiques de contrôle conventionnelles et ritualisées à des fins de socialisation, pour développer, par exemple, un savoir-relation ((Mabilon-Bonfils, B. & Durpaire, F., 2014) propice au le bien-être de l'élève.
C'est le propos que je développerai après avoir présenté la perspective épistémologique et méthodologique de la recherche biographique en éducation dans laquelle il s'inscrit ainsi, les terrains sur lequel mon investigation a pris appui : deux établissements de banlieue d'une grande ville, l'un situé en zone ECLAIR et l'autre ne faisant l'objet d'aucun dispositif particulier et un collège de ZEP de Province.
Références bibliographiques
Delory-Momberger, C. (2003). Biographie et éducation. Figures de l'individu-projet. Paris: Anthropos.
- (2014). De la recherche biographique en éducation. Fondements, méthodes, pratiques. Paris : Téraèdre.
Donzelot, J. (2013). La France des cités. Paris : Fayard.
Durpaire, F. & Mabilon-Bonfils, B. (2014). La fin de l'école. Paris : Presses Universitaires de France.
Foucault, M. (1975). Surveiller et punir. Paris : Gallimard.
Le Breton, D. (2008). Anthropologie du corps et modernité. Paris : Presses Universitaires de France.
Mabilon-Bonfils, B. & Durpaire, F. (2016). Ruses du corps et corps de la ruse à l'école. Le Sujet dans la cité. Revue internationale de recherche biographique, 5. Paris : Téraèdre.
Schaller, J.J., (2007). Un lieu apprenant : de l'habitus à l'historicité de l'action », L'orientation scolaire et professionnelle, 36/1, pp. 83-93.
Wulf, C. (1999). Anthropologie de l'éducation. Paris : L'Harmattan.
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