Interrogation sur la relation entre le portrait de valeurs d'un enseignant d'EPS et son bien-être au travail.
Clément Llena  1, 2@  , Isabelle Joing  3@  , Jacques Mikulovic  1@  
1 : Laboratoire Cultures, Éducation, Sociétés  (LACES)  -  Site web
Université Montesquieu - Bordeaux IV : EA4140, Université Victor Segalen - Bordeaux II : EA4140
3 ter place de la Victoire - Case 41 - 33076 Bordeaux cedex -  France
2 : Violences, Innovations, Politiques, Socialisations & Sports - EA 4636).  (VIPS²)
Université Rennes 2 - Haute Bretagne
3 : Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport Santé Société, F-59000 Lille  (URePSSS)
Université du Droit et de la Santé - Lille II : EA7369

La présente contribution visera à démontrer que les motivations de l'enseignant d'EPS[1] influenceraient son bien-être.

Elle s'inscrit dans le cadre d'une recherche doctorale suivant actuellement sa deuxième année dont l'objectif est d'identifier les « priorités de valeurs » (Schwartz, 2006, p.3[2]) d'enseignants d'EPS afin de les croiser avec le climat scolaire et le climat de travail tels qu'ils sont perçus par l'enseignant ainsi qu'à un indice de « bien-être subjectif » (Diener, 2009[3] traduit par Martin-Krumm, 2017[4]) pendant le temps d'enseignement en EPS.

Suite à une présentation de la typologie de Schwartz (1992 ; 2006) et au regard des premiers résultats dont nous disposerons nous interrogerons ces relations et déclinerons des pistes de réflexion visant à appréhender la question suivante : en quoi la prise en compte du portrait de valeurs de l'enseignant participe à l'amélioration de son bien-être au travail ?

 Le climat scolaire s'entend comme l'expression d'une approche globale et systémique de « l'être » à l'école, le bien-être comme le mal-être (Murat & Simonis-Sueur, 2015)[5]. Le climat de travail s'entend quant à lui sous une approche identique relative à « l'être » de l'enseignant.

Nous interrogerons les enseignants sur les valeurs sur lesquelles ils s'appuient dans l'objectif d'améliorer le climat de classe. Notre hypothèse est que si l'enseignant suit des valeurs d'ouverture au changement (Schwartz, 2006), il pourra améliorer le climat de classe et in situ son bien-être au travail. Cette double amélioration contribue à une évolution collective (élèves et enseignants).

Un questionnaire[6] sera distribué et nous permettra de saisir le « portrait de valeurs » de l'enseignant d'EPS. Cet outil nous permettra d'analyser les attentes de l'enseignant et ses projections sur ses élèves. Les valeurs représentent ce qui est « personnellement ou socialement désirable » (Rokeach, 1973, p.7[7]). Elles seront considérées comme des principes directeurs qui permettent de faire des sélections ou des évaluations d'actions (Schwartz et Bilsky, 1987[8] ; Schwartz, 2006) dans l'enseignement.

Pour chaque profil caractéristique de la typologie de Schwartz, deux observations seront effectuées afin de croiser les représentations des enseignants et ce qui est réellement mis en place. En effet, chaque repérage quantitatif sera appuyé par une analyse qualitative affinée.

Nous étudierons la correspondance entre chaque profil de valeurs et les climats perçus par les enseignants d'EPS. Le portrait de valeur d'un enseignant permet de mieux saisir ce qui le motive dans l'enseignement.

En effet, « on n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est » (Jaurès, 1910, p.91[9]). Nous voyons la place centrale des valeurs dans la façon d'être, de parler, de ressentir et dans la manière d'enseigner. C'est en enseignant ce que l'on est, que l'on alimente son bien-être.


[1] Le cœur de cible de l'enquête est un échantillon de 200 enseignants d'EPS aléatoirement choisie (sous accord du chef d'établissement) d'Ille-et-Vilaine. L'expérimentation est en cours.

[2] Schwartz, S. (2006). Les valeurs de base de la personne : théorie, mesures et applications, traduit par Hammer, B. & Wach, M. In Revue française de sociologie, Ed Ophrys, 4ème édition, 47, 929 -968.

[3] Diener, E., Wirtz, D., Tov, W., & al. (2009). New measures of well-being: Flourishing and positive and negative feelings. Social Indicators Research, 39, 247-266.

[4] Martin-Krumm, C., Fenouillet, F., Csillik & al. (2017). Changes in Emotions from Childhood to Young Adulthood. Child Indicators Research, 1-21.

[5]Murat, F. & Simonis-Sueur, C. (2015). Introduction. Éducation et formation 88-89.

[6] Le cœur de cible de l'enquête est un échantillon de 200 enseignants d'EPS aléatoirement choisie (sous réserve de l'accord du chef d'établissement) d'Ille-et-Vilaine. L'expérimentation est en cours.

[7] Rokeach M., 1973. – The nature of human values, New York, Free Press, 438.

[8] Schwartz, S. & Bilsky, W. (1987), Toward a universal psychological structure of human values. Journal of Personality and Social Psychology, 53 (3), 550-562.

[9] Jaurès, J. (1910). Pour la laïque, Discours à la Chambre, le 24 janvier 1910 cité par Antonini, B. (2006). Jaurès Jean. De l'éducation : anthologie, Revue française de pédagogie, 155, 162-164.


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