Bien-être et mal-être des élèves dans les apprentissages à l'école maternelle : une co-production relationnelle
Ariane Richard-Bossez  1, 2@  
1 : Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education Aix-Marseille  (ESPE)  -  Site web
Aix-Marseille Université - AMU
32, Rue Eugène Cas CS 90279 13248 Marseille Cedex 04 -  France
2 : Laboratoire méditerranéen de sociologie  (LAMES)  -  Site web
CNRS : UMR7305, Aix Marseille Université
LAMES - M.M.S.H. 5 Rue du Château de l'Horloge - BP BP647 13094 AIX EN PROVENCE CEDEX 2 -  France

Cette communication portera sur les ressentis, en termes de bien-être et de mal-être, qu'éprouvent les élèves de maternelle face aux activités d'apprentissage. Elle soulignera également la manière dont ces ressentis se co-produisent relationnellement entre l'élève, la situation pédagogique, l'enseignant, les pairs et les familles. Pour ce faire, on s'appuiera sur les résultats d'une recherche relative à la construction des savoirs à l'école maternelle et aux inégalités scolaires qui peuvent s'y jouer (Richard-Bossez, 2015), basée sur une centaine d'heures d'observations de type ethnographique dans six classes de grande section (enfants de 5-6 ans) situées dans des milieux sociaux variés de la région toulonnaise (trois classes en « éducation prioritaire », trois classes « ordinaires »). Sur le plan méthodologique, l'analyse a porté sur les indices à la fois verbaux et non-verbaux traduisant ces ressentis.

Le propos se structurera en deux temps. On commencera par présenter comment, au cours des activités pédagogiques se donnent à voir des ressentis affectifs variés traduisant le caractère plus ou moins plaisant que les élèves attribuent aux situations d'apprentissage. Ainsi, lorsque les élèves découvrent le travail qui leur est destiné, plusieurs types de réactions apparaissent. Si certains élèves n'expriment pas d'émotions particulières, d'autres, en revanche, montrent des réactions beaucoup plus marquées et fortement contrastées. Deux modalités sont observables, l'une où l'accueil des situations pédagogiques se fait à partir d'un ressenti positif basé sur le plaisir, la joie et la facilité, l'autre davantage basée sur le malaise, la tristesse et la difficulté. Ces variations de ressentis mettent en évidence des rapports différenciés des élèves au bien-être à l'école. On montrera ensuite que ces ressentis se construisent et évoluent au cours des situations scolaires à partir de différentes dimensions : l'activité proposée, les interactions avec les enseignants et les pairs, mais aussi avec les expériences vécues par l'enfant dans sa famille. Se faisant, on interrogera la manière dont l'école maternelle intègre ses élèves dans les activités d'apprentissages et les effets potentiels que les sentiments de bien-être ou de mal-être peuvent avoir notamment sur l'engagement des élèves dans ces activités et, plus largement, sur les inégalités scolaires observables à ce premier niveau du système éducatif (Bautier, 2008 ; Joigneaux, 2009 ; Laparra, Margolinas, 2016 ; Millet, Croizet, 2016).

 

Bibliographie :

Bautier E. (dir.) (2008), Apprendre à l'école, apprendre l'école. Des risques de construction d'inégalités dès la maternelle, Lyon, Chronique Sociale.

Joigneaux C. (2009), « La construction de l'inégalité scolaire dès l'école maternelle », Revue française de Pédagogie, 169, octobre-novembre-décembre 2009.

Laparra M., Margolinas C. (2016), Les premiers apprentissages scolaires à la loupe, Louvain-la-Neuve, De Boeck.

Millet M., Croizet J.-C. (2016), L'école des incapables, La maternelle, un apprentissage de la domination, Paris, La Dispute.

Richard-Bossez A. (2015), La construction sociale et cognitive des savoirs à l'école maternelle : entre processus différenciateurs et moments de démocratisation, Thèse de doctorat soutenue à l'Université d'Aix-Marseille.


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