Plusieurs pistes permettent de favoriser le bien-être des élèves. L'une d'entre elles consiste à permettre aux élèves d'expérimenter le flow, défini par Csikszentmihalyi comme un état optimal atteint quand un individu est complètement immergé dans une activité. C'est un sentiment que chacun peut éprouver, caractérisé par une grande impression de liberté, de joie, d'accomplissement et de compétence, et durant lequel le temps semble disparaître[1]. Cette expérience optimale conduit non seulement à un état de bien-être que l'individu souhaite éprouver à nouveau, mais encore favorise les apprentissages. Dès lors, offrir aux élèves l'occasion de le vivre améliore leur bien-être et leurs performances scolaires.
Afin de mettre en application ce paradigme éducatif développé par Csikszentmihalyi[2], nous avons construit un projet de classe de seconde innovante au lycée Blaise Cendrars de Sevran. Tentant de faire la jonction entre les théories des sciences de l'éducation et les pratiques pédagogiques concrètes, elle s'inscrit fondamentalement dans le cadre du projet du Labschool Network. Cette communication a pour objectif de rendre compte de cette recherche-action, menée en 2015-16. Au cours de la présentation, nous tenterons de mieux savoir en quoi le flow permet de favoriser le bien-être des élèves et de préciser par quelles dynamiques les enseignants peuvent mettre en place les conditions du flow. Si la question du flow était centrale dans notre étude, d'autres aspects des liens entre le bien-être et l'école seront également abordés : le climat scolaire, puisque la classe de seconde a pris place dans un établissement d'un quartier dit sensible ; le lien avec les familles, qui ont été mobilisées en amont et pendant l'année ; la sélection des équipes pédagogiques, dont les membres ont été choisis pour leur motivation.
Cette communication débutera par une présentation du flow puis du terrain. La classe de seconde comportait 30 élèves en difficulté et l'expérimentation s'est déroulée à moyen constant. L'emploi du temps des élèves a été considérablement modifié par rapport à une classe classique. Comme le but était de permettre aux élèves d'intégrer une classe de première générale ou technologique et de favoriser une orientation choisie en fin d'année, le matin avait lieu des enseignements disciplinaires suivant les programmes officiels de seconde. Mais chaque enseignant avait accepté de diminuer le volume horaire disciplinaire si bien que les après-midi étaient consacrés à des séances pluridisciplinaires innovantes, focalisés sur des thèmes choisis par l'équipe. Pour motiver les élèves, les mettre en situation de responsabilité et les valoriser, plusieurs expositions publiques de leurs travaux ont été organisées.
Après cette introduction, assez longue mais indispensable pour poser le cadre de réflexion, la présentation abordera les différents aspects par lesquels favoriser le flow et développer le bien-être des élèves. Chaque partie fera le va-et-vient entre théorie et pratique, pour envisager à la fois les difficultés et les solutions mises en oeuvre. Il conviendra dans un premier temps d'aborder le problème du climat scolaire et les remèdes apportés pour permettre aux élèves d'expérimenter le flow, en nous interrogeant notamment sur les moyens de valoriser leurs travaux. Sera ensuite évoqué la nécessité d'adapter les activités aux élèves et de pratiquer la pédagogie différenciée ou le travail par projet, en soulignant l'intérêt des travaux de groupe et l'usage de TICE, largement utilisées au cours de ce projet. Ceci conduira enfin à évoquer la question de la nature des enseignements : non seulement le cours magistral a été largement délaissé, mais les thématiques ont été choisies pour s'inscrire au cœur des intérêts des élèves, afin d'agir sur le levier de la motivation interne, sans pour autant céder à une quelconque tentation démagogique. En conclusion sera présenté le bilan de cette classe expérimentale, dans laquelle aucun élève n'a décroché et, de manière plus positive, au cours de laquelle de nombreux élèves ont témoigné d'un bien-être scolaire accru.
[1] Csikszentmihalyi M., Vivre: La psychologie du bonheur, Paris, Editions de poche, 2006
[2] Csikszentmihalyi, M., “Thoughts about education”, in Dickinson, D. (ed.), Creating the future. Perspectives on educational change, 1991, pp. 84-88 et Csikszentmihalyi, M., Flow and Education, Lawrenceville School, 2007.
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