L'équilibre du fonctionnement d'un établissement scolaire et de la place des acteurs de l'école est rompu lorsque la mort surgit à l'école, que cela touche un membre du personnel, un élève ou l'un de leurs proches. Cette communication se propose de porter un double regard sur la situation et le vécu d'élèves devenus orphelins au cours de leur scolarité. D'une part, le décès précoce d'un ou des deux parents d'un élève a des conséquences sur sa scolarité et sa socialisation à l'école. D'autre part, les actions de professionnels de l'éducation auprès de ces élèves sont capitales pour le maintien de leur scolarité à la suite du décès de leur(s) parent(s).
Notre communication repose sur les résultats de l'enquête « École et orphelins : mieux comprendre pour mieux accompagner » (Fondation d'entreprise OCIRP/Ifop, 2017)2, constituée des réponses de 1083 élèves devenus orphelins et de 940 enseignants et professionnels de l'éducation à un questionnaire spécifique, et des 20 et 15 entretiens individuels respectifs réalisés avec eux, de la maternelle à la terminale. Les principales conséquences sur la scolarité et la vie à l'école de ces élèves que nous présenterons caractériseront les types d'impacts que produit le décès d'un parent, et sur lesquels il serait donc pertinent d'agir.
C'est en partant de la notion de « capabilités » d'Amartya Sen (2002), que nous analyserons en quoi les attitudes et les pratiques des enseignants et personnels de l'éducation font de l'école ou de l'institution scolaire un « environnement capacitant ». Il est alors possible de le définir par sa prise en compte des effets d'un tel évènement sur la scolarité de ces élèves et sur leurs interactions aux autres, à un moment où ils font face à certaines fragilités.
Enfin, en prenant appui sur la notion de « travail soutenable » issue de travaux en sciences sociales, notamment en ergonomie (Volkoff, Gaudart, 2015) sur le bien-être de travailleurs, nous nous intéresserons aux actions qu'enseignants et élèves concernés pensent qu'elles seraient propices à de bonnes conditions de retour à l'école. La mise en évidence des logiques d'action en jeu (d'intention, de résistance, de rejet, d'engagement, de gestion) permettrait de distinguer celle(s) qui joue en faveur du maintien ou de la restauration d'une scolarité « soutenable » pour ces élèves orphelins, et partant de là, d'une meilleure prise en compte de la mort à l'école quand elle concerne - mais pas seulement - le ou les deux parents d'un élève.