L'élève et les espaces informels : la subjectivation comme vecteur de bien-être
Jean Luc Denny  1@  
1 : Laboratoire interuniversitaire des sciences de l'éducation et de la communication  (LISEC)  -  Site web
Université de Haute Alsace - Mulhouse, université de Strasbourg : EA2310, Université Nancy II
Université Louis Pasteur 7 rue de l'université 67000 STRASBOURG Université Nancy2, B.P. 3397 54015 NANCY CEDEX France -  France

 Notre étude aborde l'élève en tant que sujet immergé dans des espaces hors apprentissage (foyer, cour, cantine) et vise à faire émerger comment il réinterprète en permanence le milieu de vie composé de multiples prescriptions et contraintes (Daniellou, 2002) en produisant de nouvelles normes, valeurs et savoirs d'expérience.

 Nous nous proposons d'explorer les pratiques ordinaires des élèves pour révéler l'extrême richesse de leurs débats de normes dans une visée anthropologique (Canguilhem, 1966). Nous aurons recourt à la démarche ergologique (Schwartz, 2010) avec un primat donné à la parole de l'élève, au point de vue que nous considérons comme un point de vie. Cette notion étant la contraction du "point de vue au sens vital", car il engage toute la personne physique aussi bien que psychique, historique et sociale (Durrive, 2015).

 L'analyse des délibérations internes que l'élève déploie pour négocier avec les normes et valeurs du milieu qui lui préexistent documentent la compréhension des stratégies qu'il met en œuvre pour les transformer en ressources pour l'action, pour son adaptation dans son environnement et pour son propre développement (Albero, Guérin, 2014). Aussi, notre approche interroge l'activité dans une double dimension productive et constructive (Rabardel, Samurçay, 2004) en tant qu'elle constitue à la fois une transformation de l'environnement et de soi (Barbier, 2011).

 Nous proposons de présenter les points saillants de notre étude à l'issue d'entretiens d'explicitation (Vermersch, 1994) par auto confrontations menées à partir des traces de l'activité des élèves d'un collège, recueillies sous la forme de croquis manuscrits de ses circulations dans la cour par repérage et ancrage.

 

Nous mettrons en évidence que l'élève n'applique pas les normes mais les rejoint en se créant des marges. Loin d'être des provocations envers l'institution, elles traduisent une volonté de l'élève de se situer au centre de ses décisions par un débat toujours renouvelé entre des normes anonymes venant de l'environnement, et des normes que chaque être vivant produit (Schwartz, 2000). La prise en compte de ce débat est la condition, selon Canguilhem, pour vivre en santé, objet de ce colloque.

 

Notre étude révèle que l'élève ne peut se mettre mécaniquement à disposition des enseignants. Aussi, nous présenterons des pistes concrètes favorisant d'autres manières d'accompagner et d'enseigner plus proches des préoccupations des élèves.

 

 

Albero, B. Guérin, J. (2014). Approches de l'activité et sciences de l'éducation. TransFormations, 11 p. 5-10

Barbier, J.M. (2011). Vocabulaire d'analyse des activités. France : Presses Universitaires de France

Canguilhem, G. (1966). Le normal et le pathologique. Paris, France : P.U.F

Daniellou, F. (2002). Le travail des prescriptions. Actes du 37ème congrès de la Société d'Ergonomie de Langue Française, 8-15

Durrive, L. (2015). L'expérience des normes - Comprendre l'activité humaine avec la démarche ergologique. Toulouse : Octarès

Schwartz, Y. (2000). Le Paradigme ergologique ou un métier de philosophie. Toulouse : Octarès


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