Take care ; prendre soin de. Comment mettre en œuvre dans un cadre disciplinaire scolaire ce qui pourrait sembler être une injonction à l'altruisme ou à tout le moins un horizon d'attente commun à tous les enseignants ? Et qu'apporte le care à l'apprentissage des savoirs ? Cette contribution a pour but d'interroger une situation très concrète au cours de laquelle j'ai tenté, depuis une posture de praticienne-chercheure, c'est-à-dire d'enseignante engagée dans une recherche en didactique de la géographie, d'introduire des situations de care dans ma pratique de classe, non comme une fin en soi, mais dans l'objectif de favoriser l'apprentissage de la géographie par mes élèves. L'hypothèse qui fonde l'expérimentation est que la relationalité, qui est un des éléments du care, serait un levier de cet apprentissage, en permettant la création d'un savoir commun, auquel tous peuvent ensuite se référer. Concrètement, cela s'est traduit par l'introduction de pratiques collaboratives à l'intérieur de la classe entre les élèves et entre les élèves et le professeur, chacun étant invité à s'intéresser à l'autre et à le prendre en compte, et par la mise en relation progressive de la classe avec le monde extérieur (avec d'autres disciplines, d'autres classes, d'autres établissements, avec le monde social).
L'intervention s'articulera autour de deux axes. Le premier présentera le dispositif qui a servi de support à cette expérimentation, la réalisation au cours d'un semestre d'une carte postale sensible du quartier situé à proximité de l'établissement scolaire. Du croquis individuel à la carte collective, en ménageant des temps de réalisation, de concertation et de confrontation de leurs idées, les élèves ont ainsi été progressivement constitués en communauté créative, chacun conscient de l'importance des autres pour parvenir au bout du projet. De cette mise en œuvre complexe, de ces petits moments d'inquiétude, de doute, mais aussi de grâce partagés, que reste-t-il ? Comment en rendre compte, au-delà du simple témoignage du praticien ? C'est au chercheur qu'il appartient de définir les traces tangibles sur lesquelles s'appuyer pour mettre en scène ce moment, et au-delà, l'analyser. Cela sera l'objet d'une deuxième partie. Carnet de bord collectif, croquis intermédiaires, travaux d'élèves seront ainsi présentés, en s'appuyant sur quelques parcours singuliers, qui permettront de suivre l'évolution de la classe engagée dans le projet.
Bibliographie
Volvey, 2016, « Sur le terrain de l'émotion. Déconstruire la question émotionnelle en géographie pour reconstruire son horizon épistémologique », in Carnets de Géographes, numéro thématique : Géographie des émotions, n°9, P. Guinard et B. Tratnjek (éd.). URL : http://cdg.revues.org/541
Gaujal, 2016, Une géographie à l'école par la pratique artistique, thèse de doctorat, Unverisité Paris Diderot, Paris.
Résumé déposé dans le cadre du partenariat avec la revue Diversité à laquelle je contribue pour ce numéro.