Les politiques publiques et éducatives s'appuient de plus en plus aujourd'hui sur la question du bien-être. Cette communication aura pour objectif de mettre à jour les enjeux qui lient éducation et bien-être dans le cadre de la scolarisation des élèves reconnus handicapés, où il s'agit de favoriser l'épanouissement et le développement individuels.
Pour se faire, nous nous appuierons sur une recherche relative à l'usage d'un guide d'évaluation des besoins des élèves reconnus handicapés, le GEVA Sco. Dans ce cadre, nous avons effectué des observations de réunion (n=23) dans les écoles et les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) et des entretiens semi-directifs (n=72) avec des acteurs concourant à la scolarisation.
Depuis plusieurs décennies, un ensemble de forces sociales, politiques et internationales conçoit l'école comme un espace privilégié d'affiliation sociale des enfants ayant un handicap, afin d'éviter toute forme d'exclusion, renvoyant à l'idée que le bien-être se construit à partir de l'accès à de meilleures conditions matérielles et à partir d'une plus grande participation à la vie sociale. La France n'échappe pas à cette logique et cherche, depuis les années 1980, à transformer l'action éducative et le regard des professionnels sur le handicap. Par la notion d'école inclusive, le législateur entend imposer de nouvelles formes de prise en charge du handicap impliquant une multitude d'acteurs. Dans ce contexte, les enseignants envisagent la scolarisation de ces élèves à partir des facteurs favorisant le bien-être.
Les résultats montrent que les enseignants fondent leur approche du bien-être sur la capacité des élèves reconnus handicapés à entrer dans les apprentissages, liant leur devenir à une éducabilité supposée. En ce sens, dans les entretiens, les enseignants évoquent fréquemment l'entrée dans les apprentissages comme un facteur d'angoisse pour les élèves, ce dernier point renvoyant à l'acceptation du handicap et aux émotions qui peuvent y être rattachées chez l'élève et ses parents.
Parallèlement, aux yeux des acteurs, le bien-être de l'élève induit le bien-être de l'enseignant. L'accueil d'un élève reconnu handicapé étant souvent une source d'inquiétude, les enseignants perçoivent cette arrivée comme un possible échec. Les résultats montrent aussi que cette montée des incertitudes s'inscrit dans les relations interinstitutionnelles donnant un sentiment de perte de contrôle de la situation éducative, les autres professionnels et les parents ayant à donner leur avis sur le projet scolaire. A cela s'ajoute un manque de reconnaissance institutionnel hiérarchique qui ne favorise pas la mise en sens de l'action enseignante.
Cette communication portera donc principalement sur l'interaction entre différents « bien-être », interaction dépendant d'une configuration où conditions sociales d'exercice du métier d'enseignant et d'accueil des élèves tendent à favoriser, selon les situations, une stabilité dans le parcours scolaire ou une montée des risques d'exclusion de l'école par le biais d'une orientation dans le secteur médico-social.